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Histoire des Andalous en Tunisie
Si l’Occident peut se réclamer des plus grands penseurs, des plus grands poètes et littérateurs, des artistes les plus fins, des savants les plus distingués, des monuments les plus éclatants, l’Espagne à l’avantage de partager, avec bonheur, ce très riche patrimoine et possède, en plus, un autre patrimoine encore plus riche et plus brillant qui lui vient de la civilisation arabo-musulmane dont elle s’est profondément imprégnée au cours de près de huit siècles de connivence avec un peuple venu d’orient avec une croyance et une langue nouvelles qui allaient bouleverser totalement l’individu espagnol et introduire un développement inattendu dans son mode de vivre, de penser et de s’exprimer. Trop longtemps dressé contre cet apport culturel, jugé comme une tare nationale, l’Espagnol n’a cependant jamais essayé de le détruire se rendant compte inconsciemment de son prix inestimable et de son caractère irremplaçable. Il a laissé la place à la génération d’aujourd’hui qui a pris conscience de son immense valeur et qui, maintenant, tout en l’honorant comme il se doit, témoigne aux générations précédentes tout leur hommage et toute leur gratitude pour leur avoir transmis, dans toute leur splendeur, les trésors culturels d’appoint venus d’Orient, qu’ils auraient pu, plus d’une fois au cours des siècles, détruire à jamais et ôter à l’Espagne cet aspect de sa culture nationale qui lui fait aujourd’hui tant l’honneur et fait de ce pays un trait d’union entre l’Orient et Occident, entre l’Islam et la Chrétienneté, entre les courants de pensée et d’expression arabo-musulmans et latino-chrétiens. Pour les pays arabes l’Espagne n’a jamais cessé l’être le pays d’Ibn Roshd de Cordoue, d’Ibn Khaffaja de Valence et d’Ibn Arabi de Murcie, le pays où resplendissent la grande mosquée de Cordoue, les palais de l’Alhambra et de l’Aljaféria et du minaret ( Pour les Tunisiens, l’Espagne, toujours chère à leur cœur, conserve toutes ces valeurs. Pour bon nombre d’entre eux, les Morisques, elle représente la terre des aïeux, la terre à laquelle, pendant de nombreux siècles leurs parents et leurs arrière-parents n’ont cessé de rêver et n’ont cessé de caresser l’espoir d’y revenir. La preuve que certains d’entre eux ont conservé jalousement les titres notariés de leur maison et de leurs autres propriétés dans telle ville ou dans tel village ou bourg de la presqu’île ibérique. Ils ont conservé jalousement leurs noms de famille espagnols et c’est une de leur particularités, dans leurs nouvelle terre d’accueil arabe et musulmane comme L’appartenance de cette collectivité aux différentes provinces d’Espagne est révélée par les noms des familles qui la composent. De la province Alicante venaient la famille Lakanti de Testour et la famille Sakich(de Sax), également de Testour. Une autre famille, à Tunis-ville porte le nom Sachi – de Sax également. Une troisième famille Sakesly de Sax également porte le suffixe turc (li) qui indique l’origine, la provenance Sukesli, c'est-à-dire originaire de Sax. La turquisation d’un nom espagnol est un fait assez courant : A El Alia, le nom de la famille (de Los Rios) a été transformé en K’chouk (Kouchouk), nom on ne peut plus turc. A Testour, la famille Al- Hendin, à la périphérie sud de Grenade, a vu son nom turquisé allègrement par la substitution du suffixe arabe (i) indiquant l’origine, par le suffixe turc (li) ayant le même sens. Dans ce dernier cas la turquisation semble s’expliquer par le fait que la famille Hindili comptait pour une famille ayant détenu, à Testour, une charge officielle dans l’administration turque. Son nom devait nécessairement figurer sur les registres sous sa forme turquisée, telle devait être la raison qui a motivé la modification apportée au nom des deux familles précédentes. Ces trois exemples semblent nous autoriser à déclarer que l’autorité turque qui gouvernait alors Les Morisques en Tunisie qui portent des noms de villes et de villages espagnols représentent à peu près toutes les régions espagnoles. Bien que leur exode se soit effectué principalement par les ports du sud de l’Espagne ils ont conservé en arrivant en Tunisie leur ethnique d’origine. Un seul générique, Al Andalousi (1’Andalou) les réunissait et constituait la marque de l’unité de leur communauté. Une autre remarque s’impose pour expliquer la diversification interne de leur ethnie. On sait que les autorités chrétiennes, avant de leur expulser définitivement en 1609, avaient effectué de nombreuses translations de Morisques des régions côtières vers les régions internes de Mais poursuivons nos citations des familles originaires de la province d’Alicante établies à Tunis. La famille Balma de Tunis vient de Palma de Gandia. La famille Daya de Tunis et de Sfax viennent de Daya, De la province de Castellon, on citera la famille Almenara du village de Almenara (à environ Valence semble nous avoir envoyé en Tunisie le plus grand nombre de familles d’entre lesquelles nous nommerons la famille Zghonda de Sagunto à environ Les famille Bargaoui de Berga à La famille tunisoise Flis semble provenir du village Flix de la province de Tarragona à environ La famille Moro Semble provenir du village Moro à environ La province de Soria a donné à Murcie, patrie d’Ibn Arabi disciple du maître tunisien en mysticisme- soufisme Abdel Aziz el Mahdaoui de Une autre ville de la province de Murcie, Carthagène garde intacte l’anatomie du nom tunisien qu’autrefois on donnait à Carthage. Tous les auteurs arabes nommaient cette capitale unique Carthagène jusqu’au jour où les Français l’ont transformée en Carthage. La province d’Almeria est illustrée en Tunisie par les familles Birra, de Vera (à environ De la province de Zaragoza semble se réclamer les Zbiss At Thighri, Llopis le Tagarin, de la marche frontière supérieure Nord de l’Espagne musulmane. La famille Al Borji origninaire de Al-Borja, localité à environ Avec Elvira, à Dans la province voisine, la province de Grenade, Alcala De la province de Jaen est la famille Jahin de Testour. Le premier Cadi de Testour Arroy est de Los Arroyos à La province de Cordoue nous a donné des Cordobès = Kortoubi en quantité, à Tunis et ailleurs, et surtout à Gafsa une famille Mensia, de Dona Mensia (à Les Makada de Mateur et Tunis viennent de Maqueda (à Les Al Boulaqi de Béjà viennent d’El-Bullaque (à environ De la province d’Avila semble venir les Martinach de Testour qu tirent leur origine de la localité Martinez à L’extrême sud de l’Espagne a fourni à De Séville sont venus beaucoup de familles connues sous l’ethnique Ichbili (le Sévillan) et plus particulièrement la famille de l’historien bien connu Ibn Khaldoun. La famille Ichtibba de Zaghouan vient d’Esteppa (à Le Kef compte parmi sa colonie andalouse une famille Chrichi de Jerez de Béja en compte une autre, les Ballouma de Las Palomas (à environ A Testour existe un pont dit de Sirizou du nom d’un jardin limitrophe ayant appartenu à la famille Sirizou qui semble être originaire de Cereso, localité située à environ Les Térouel une famille de fabricants et de commerçants de la chéchia, autrefois prospères mais aujourd’hui disparus se réclament de la ville de Teruel. De cette province semblent provenir les El Qobbi de Korba puis qu’ils se réclament de la localité la Coba (à environ Sidi Ali Es-sordo de Tunis semble venir de la localité Sordos (à La famille Ragama, de Gaafur tire son origine de Ragama (à La famille Heredia de Bizerte se réclame du village de Heredia (à Aux familles Huici et Huiça de Tunis qui sont originaires de Huici (à 45km environ au Nord Ouest de Pamplona), il faut ajouter la famille Karkar qui viendrait de la localité Carcar (à Quant à Pamplona, elle a laissé son nom légèrement déformé, Embluna, à un vaste domaine agricole sur la bifurcation de la route de Bizerte vers Ghar el Melh. Les Ronon de Testour et les Fourti de Tunis et Djerba représentent en Tunisie la province de Enfin, pour clôturer ce large exposé sur la représentativité espagnole en Tunisie, citons le grand Moustafa Cardénach, de Grombalia, qui fut dans toute la région un potentat dans l’agriculture et un chef incontesté de plusieurs dizaines de milliers d’Andalous travaillant sous ses ordres. Moustafa Cardenach tient son nom de famille de la localité Cardènas, à environ Aux noms espagnols renvoyant à des localités de la péninsule, il y a lieu d’ajouter une infinité de noms qui sonnent étrangement en milieu arabe tel que Tinsa, Menduero, Manacho, Merkiko, Bantor, Makariro, Memmich, Tlich, etc. Il serait très long et très fastidieux de poursuivre les citations. Quoique nous fassions la liste sera incomplète. Tous les jours nous repérons un nouveau nom, une nouvelle famille. C’est que jusqu’à ces derniers temps, les familles andalouses cantonnées dans leur village, à l’abri de toute publicité, ne se sont pas signalées par un fait quelconque. Aujourd’hui, beaucoup de familles ont quitté le village natal et on donné à Tunis, à l’administration, un grand nombre de magistrats, de fonctionnaires, de cadres et même de ministres. L’industrie, le commerce, les banques et les professions libérales sont dirigées par de nombreux andalous que les journaux signalent à l’attention du public, à l’occasion d’un succès professionnel ou d’un succès universitaire, de fiançailles ou de mariages, de naissance d’un bébé ou du décès de quelqu’un. Aussi est –ce sur les journaux et à la télévision que nous sont fournies des renseignements nouveaux concernant les Morisques et surtout l’apparition d’un nouveau personnage demeuré jusqu’ici dans l’ombre. N’oublions pas la gente féminine. Depuis l’avènement de Ainsi donc, malgré le temps passé depuis l’époque où cette colonie de musulmans espagnols a abordé le sol tunisien, malgré les pressions de toutes sortes exercées sur eux pour les faire modifier d’un pouce leur identité, ces Espagnols sont restés identiques à eux-mêmes. Slimane Mustapha Zbiss
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