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-Articles de presse-
Nous avons demandé à M. Slimane Mustapha Zbiss, auteur de cette savante compilation, de nous présenter son oeuvre, fruit d'un long et minutieux travail. C'est le troisième exemplaire de toute une série d'ouvrages dont le titre général est : Corpus des Inscriptions Arabe de Tunisie. Cette oeuvre est destinée à recueillir tous les textes archéologiques. Les uns sont gravés sur du bois, de la pierre, du verre, d'autres brodés sur cuir ou tissu... à l'exception des textes figurants sur papier parchemin ou autres matières s'apparentant plus particulièrement à l'Industrie du livre. Les textes du “Corpus” comportent des renseignements d'ordre archéologique, historique et artistique dont la qualité première est qu'ils sont des documents de première main dont l'exactitude et l'authenticité donnent à leur utilisation une totale sûreté pour l'historien de l'art et l'historien tout court. C'est à partir de ces documents que nous pouvons dater à coup sûr et sans la moindre défaillance, telle coupole ou tel minaret, cette cour ou ce porche, un plafond ouvragé ou un instrument de précision comme les astrolabes, les cadrans solaires. Telle reliure, pièce de tissu ou encore une fiole en verre, une lampe en poterie ou un vase en cuivre. Grâce à de pareilles inscriptions, on peut reconnaître non seulement l’âge des objets mais également la ville ou ils ont vu le jour, le prince ou le personnage important à l'intention de qui ils ont été faits. Par-delà les monuments rares... Ces inscriptions, malgré leur importance documentaire, figurent très rarement sur les monuments et sur les objets. C'est ce qui en fait particulièrement leur prix parce que par-delà les rares monuments et les rares objets sur lesquels ils figurent, de tels textes nous permettent de dater par comparaison, par analogie et par similitude, cette légion de monuments de l'architecture et des arts mineurs privés d'éléments de datation écrits. Tant il est vrai que de pareils tests ont beaucoup plus une valeur de test d'appréciation, étalant une mesure de base sur laquelle le chercheur se fonde en cas d'absence des éléments sûrs pour approcher un tant soi peu de la vérité. Et la lumière fut... Aussi le Corpus des inscriptions dans la mesure où il réunit, sur des objets bien définis, des textes précis, constituent pour l'archéologue, pour l’historien de l’art et pour tous les chercheurs une source de documentation, base de tout travail d’investigation scientifique. Grâce à une, demi-douzaine d'inscriptions éparses, il a été possible à titre d'exemple de faire la lumière sur une dynastie tunisoise : Les Beni khourassan qui avaient gouverné,en république, la ville de Tunis, entre le Xlème et Xllème siècle. Il a été en effet possible de connaître la masse jusqu'ici ignorée, des monuments dont ils ont abondamment pourvu notre ville, la qualité des moyens artistiques mis en ordre et par contre coup, la richesse du pays pendant leur hégémonie. Deux ouvrages Cette documentation qui se trouve dans le premier ouvrage du Corpus a été déterminante pour la connaissance de cette période de l'histoire tunisienne, alors qu'antérieurement, à la découverte des inscriptions, on ne disposait que d'un texte d'Ibn Idhari et d'Ibn Khaldoun, texte trop court et trop imprécis pour nous décrire cette période, même d'une façon approximative. Le deuxième tome du Corpus, axé sur les inscriptions de Monastir, nous a révélé une autre période de l’histoire tunisienne fort obscure. C'est cette époque de transition et d'anarchie qui entre le XIème et le XIIème siècle a suivi l'invasion hilalienne et précédée l’empire Almohade. Pendant plus d'un siècle en effet, toute vie citadine a disparu à l'intérieur du pays pour s'effriter en îlots isolés dans les villes du littoral. Tout oeuvre de civilisation s'est trouvée ainsi arrêtée, compromise ou gênée alors que jusqu'ici on croyait se trouver démuni irrémédiablement de toute documentation. Les inscriptions de Monastir sont venues à point, pour nous fournir des indications fort précieuses sur la vie du pays en cette époque troublée. Un troisième tome Aujourd'hui un troisième livre du Corpus parait. Il contient un important lot d'inscriptions trouvées dans le cimetière du Gorjani à Tunis. Ces documents viennent encore une fois éclairer une période obscure de l'histoire tunisienne, période pendant laquelle elle est entrée sous l’autorité des Almohades. On sait que les Almohades, après avoir pris Tunis (milieu du Vlème S.H.) ne s'installèrent pas dans les palais des Khourassanites qu'ils venaient de vaincre et qui se trouvaient dans le secteur intra-muros de Bab Ménéra. Cette porte de la ville, détruite récemment, est attribuée à Abû Zakariyâ 1er. En nous offrant, aujourd'hui une nouvelle source d'information et d'information de première main, les Inscriptions Arabes du Gorjani se présentent à nous, comme des documents d'une grande valeur. [La Presse - 7 juin 1962] |
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