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QUELQUES SITES ANDALOUS DE TUNISIE Slimane Mostafa Zbiss Les derniers siècles de l’Espagne Musulmane et les progrès de la Reconquista espagnole ont amené, à différentes périodes, avant et après la chute de Grenade, des groupes de musulmans, voire des populations entières, à quitter la presqu’île ibérique pour les rives africaines toutes proches. Là, ils ont crée des villes ou des villages agricoles. Ailleurs, ils se sont intégrés à la grande ville africaine ou bien, ils se sont agglomérés à elle dans les zones extra-muros. C’est surtout, au XVIIe siècle, qu’à la suite du décret de 1609 par lequel le roi Philippe III expulsait d’Espagne tous les Morisques (les musulmans christianisés), qu’on verra débarquer sur nos rivages des centaines de milliers d’émigrés. Témoins et artisans, dans leur pays d’origine, d’une civilisation particulièrement fine, ces Morisques allaient transformer très profondément les usages des autochtones, leur parler, leur cuisine, leur vêtement, leur comportement commercial et artisanal, jusqu’à l’architecture qui reçut des modifications radicales qui durent jusqu’à aujourd’hui. On citera, ci-après les principaux sites andalous. LE BARDO (Tunisie) : C’est la translittération contaminée du mot espagnol (el-Pardo) qui veut dire, à peu près, terrain couvert de fleurs. On sait qu’actuellement, le chef de l’Etat espagnol occupe, dans les environs de Madrid, le Palais d’El-Pardo. En Tunisie, il semble que cette dénomination apparaît au XIIIe siècle ou au XIVe siècle. D’évidence, il s’agit là d’une transplantation du même objet en Tunisie, soit par le canal des princes hafsides qui, d’origine espagnole, avaient eu un commandement en Espagne, soit par le canal des musulmans connus à la cour de Tunis, après la chute des grandes capitales musulmanes, Cordoue, Séville et Valence, soit enfin, par le canal de la colonie espagnole chrétienne qui vivait en grand nombre dans la capitale tunisienne. Le Bardo fut, à l’origine, un palais autour du quel s’étendait un parc immense. Par la suite, il devint un centre de gouvernement, défendu par de puissants remparts, à deux km de Tunis. Mais, que l’on soit à l’époque première ou aux époques suivantes, la note andalouse fut toujours la note dominante dans tous les domaines. Aujourd’hui les monuments qui restent encore debout à l’intérieur de l’enceinte, sont de style hispano-maghrébin. Le musée National du Bardo occupe une aile du palais royal. BIZERTE (Tunisie) : A soixante km de Tunis, au nord-ouest de Tunis, la ville de Bizerte fut occupée, très tôt, par les Andalous qui y établirent une sorte de gouvernement républicain. Par la suite, au début du XVIIè siècle, le souverain turc, Youssef Day en fit une place maritime très forte. De nombreux groupes morisques, venus sans doute plus tard, ont été autorisés à installer entre l’enceinte de la ville et dans celle de la kasba, face à la mer, un quartier qu’on appela « Hayy al- Andalous » (quartier des Andalous) que l’usage populaire a transformé en « Mandleus ». Ce quartier existe encore et se caractérise par un tracé urbanistique en échiquier propre aux quartiers arabes (les morérian) d’Espagne où les Chrétiens avaient installé les anciens maîtres du pays, après les succès de la Reconquista. GHAR-EL-MELH – (Tunisie) : Située à une cinquantaine de km à l’ouest de Tunis, entre la capitale tunisienne et la ville de Bizerte, cette agglomération que les Européens ont appelé Porto- Farina, fut, en début du XVIIè siècle, aménagée par le souverain Youssef Day, comme citadelle maritime avec pour effectifs, les morisques expulsés par Philippe III d’Espagne. Trois grands fortins encore en place défendent la citadelle, dont un large bassin borde les magasins maritimes. Au siècle dernier, le prince Ahmed Bey y fit de nouveaux aménagements. Mais la place demeure toujours comme un bastion andalous. Autrefois, les familles portaient des noms chrétiens imposés par l’Inquisition. Aujourd’hui, on est revenu à des noms arabes. Néanmoins, quelques familles ont conservé leur nom espagnol, comme la famille Christo. Ce port de guerre reçut, au début du XVIIè siècle d’importants aménagements auxquels les Morisques avaient contribué notablement. Ceux-ci qui avaient servi dans la marine espagnole se sont trouvés du jour au lendemain, éjectés de leur pays. Ils vinrent donc offrir leurs services, leur compétence et leur expérience professionnelle aux rois de Tunis. Ils firent de la Goulette, de Ghâr el-Melh (ex-Porto-Farina) et de Bizerte, les trois grandes bases de la puissance turque au centre de MAJAZ-EL- BAB (Tunisie) : Situé à soixante km sur la route de Tunis au Kef, Madjez el Bab est un centre andalous institué au XVIIè siècle sur les bords du fleuve Mejerda. Le pont qui dessert les deux rives du village est une réplique en plus petit, du pont de Cordoue. Centre à la fois commercial, artisanal et rural, Majez el Bab conserve encore son tracé original en échiquier et les caractéristiques de l’architecture simple mais typique de l’Algarve espagnol, ou Estremadure. SOLIMAN (Tunis) : A trente km, au Sud-Est de Tunis, le village de Soliman attire de loin le regard par la haute tour-minaret qui jaillit des toitures en pavillon, couvertes de tuiles rondes, de la grande mosquée du lieu. On remarquera l’escalier intérieur de ce minaret construit curieusement en col maçon sans pilier central. L’intérieur du sanctuaire est construit de la façon la plus simple, sauf le mihrab qui porte un décor très fouillé. Sur une inscription placée à gauche, on lira un long texte de fondation où sont précisés les biens immeubles de main-morte (habous) constitués comme ressources permanentes nécessaires à l’entretien de la mosquée. On notera au surplus, l’échiquier du plan du village. Beaucoup de familles conservent encore leur nom espagnol comme R’Chikou (Bey Chico), etc… Une spécialité culinaire particulière au lieu, nommée (kouieres), importée d’Espagne, continue à faire les délices des habitants de la localité. TEBOURBA (Tunisie) : Situés à trente km à l’ouest de Tunis, cette localité conserve totalement son plan en échiquier, beaucoup de ses maisons couvertes de tuiles rondes non vernissées et des porches splendidement ouvragés. Dans certains mausolées foisonnent les céramiques autrefois de types andalous fabriqués à Tunis, aujourd’hui, en partie remplacées par des plaques de majolique importées d’Europe. La grande mosquée locale est une splendide création de style hispano-maghrébin dont le mihrab a reçu les soins décoratifs. A Tébourba, on continue à porter des noms espagnols tels que Souria, Térouel, Ouiska, translitération contaminée des villes de la péninsule ibérique : Soria, Téruel et Huescar. TESTOUR (Tunisie) : Nous avons déjà parlé de cette agglomération andalouse dans le chapitre des « villes d’art ». C’est l’un des centres les plus florissants qu’aient constitué les Morisques sur le cours du fleuve Medjerba. C’était une sorte de métropole de la région où se tenaient le représentant du gouvernement turc et le cadhi qui rendait la justice. Organisés de manières à satisfaire les besoins de toute la centrée environnante, les corps de métier comprenaient à peu prés toute la gamme des professions et de la production des grandes villes. De la sorte, on pouvait s’abstenir d’aller à Tunis (soissante dix sept km) pour se procurer quoique ce soit, sauf pour aller parfaire son instruction à la grande mosquée Zitouna. Testour est le seul centre andalou qui ait encore conservé entièrement son aspect de village espagnol. Les familles qui y vivent s’appellent encore Bentor (Pintor), Mirichkou (Morisque), Merkikou, Hendili (de Hendin prés de Grenade), Zbiss (Llopis), j’Hîne (de Jaen), Marco, etc… TUNIS (Tunisie) : De tous les centres où l’influence des Morisques a agi au Maghreb c’est à Tunis, sans aucun doute, que cette influence trouva le terrain le plus propice à une action en profondeur. Pratiquement ouverte à cette influence, depuis les première année de l’Islam espagnol où les nouveaux musulmans commencèrent à transiter par Tunis et Kairouan, en allant en Pèlerinage à ZAGHOUAN (Tunisie) : A soixante km du Sud-Est de Tunis, les derniers escarpements du Jebel Zaghouan servent d’assise à une agglomération andalouse qui porte le même nom que la montagne à laquelle elle paraît s’accrocher, il semble que la colonie des émigrés ait cherché, de préférence à un terrain plat, un terrain montagneux du haut duquel elle pouvait surveiller la compagne environnante et les jardins qui sont en contrebas des remparts de la ville. Le plan toujours en échiquier, est ici un peu gêné par les fortes pentes du terrain. Aussi, certaines voies sont-elles en escalier. Mais l’impression générale qui se dégage d’une visite à travers l’agglomération de la population et par le coup d’œil d’une portée illimitée sur le beau paysage ambiant. 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