SLIMANE - MOSTAFA ZBISS 
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  4 - l’Action - 29 novembre 1982 - Sur les traces des Morisques...

 

Rencontre avec Slimane Mustapha Zbiss

Sur les traces des Morisques...

Slimane Mustapha Zbiss, inspecteur des Monuments Historiques et des Sites Archéologiques à l’Institut National d’Archéologie et d’Art vient d’obtenir le grand prix de la Municipalité de Tunis pour l’année 1980. Ce geste récompense ainsi toute une vie de labeur, de recherches et d’abnégation au service du patrimoine. Nous présentons donc à cette occasion que nous offre l’actualité l’oeuvre de Slimane Mustapha Zbiss et les préoccupations de l’écrivain dans le domaine de la recherche archéologique.

·       La Municipalité de Tunis vient de vous décerner son prix spécial pour la production culturelle. Quel sentiment cela vous procure?

·       Evidemment, je suis très content. J’ai voué toute ma vie à la restauration du patrimoine. Je suis un mordu de l’archéologie. Je tiens à remercier la Municipalité de Tunis pour ce geste qui m’honore.

·       Vous avez étudié longuement la présence espagnole en Tunisie : l’apport des Morisques dans divers domaines (vestimentaire, culinaire, artistique, culturel, économique). Pouvez-vous en faire le point?

·       L’apport andalou est capital dans la mesure ou il a changé complètement la façon de vivre des Tunisiens. Ce que j’ai fait n’est qu’une contribution à laquelle nous associons plusieurs jeunes chercheurs. Effectivement, la Tunisie actuelle est le produit de l’Andalousie musulmane. L’apport andalou touche presque toutes les activités du Tunisien. Ses traces apparaissent aussi bien dans le domaine économique, social que dans le domaine culturel. Si on prend le cas de Tunis, l’onomastique espagnole y a fait une large incursion. D’aucuns portent des noms de villes espagnoles, tels les Téroul, les Ouichka (Huesca), les Karabaka (Caravaca), les Soria (de Soria) etc...Beaucoup de familles ont déjà arabisé leur nom ethnique comme les Kortobi (de Cordoue), les Ichbili (de Séville), les Alakanti (d’Alicante), les Malqi (de Malaga), les Al-Mounakkabi (de Almunécar) etc...On note aussi à propos du nom du poète tunisien Mahmoud Qabadou, le rapprochement avec Quevedo. La cuisine tunisienne s’est enrichie par les Banadhij (empanadas), la ojja (qui est la olla catalane ou valencienne). Quant à la musique, il nous est loisible encore d’écouter les airs mélancoliques du “Maalouf” où l’on chante les beautés du pays qui berça la jeunesse des Morisques débarqués sur cette terre tunisienne. La parenté est évidente avec le “cante hondo” de l’Andalousie actuelle et le “canto fondo” catalan. L’usage même du terme “fondou” est d’ailleurs appliqué icià un genre particulier du chant introduit par les Morisques. Tout autant que l’onomastique, la toponymie ancienne s’est trouvée bousculée par des toponymes espagnols tels que Biga (Vega), Morkadh (Mercado), Bardo (Bardo) etc...A l’origine, Biga s’est substituée à Er Riadh. Il y a dans les machines, en particulier, la noria, beaucoup de pièces qui ont des noms espagnols, comme Kirbilla. Ceci vient de Karvella, une sorte d’engrenage qui se trouve dans la machine (noria). Mais là où les Morisques ont laissé des traces vivants, solides, matériellement présentes, c’est dans les monuments qui ont été construits par leurs maîtres-d’oeuvre et surtout dans le style particulier qu’on retrouve à partir du XVIIème siècle, dans toute maison tunisienne de style traditionnelle, quelle que soit l’époque dans laquelle elle a été édifiée! L’Espagne est également bien présente dans les édifices religieux de Tunis. La loggia monumentale qui confère tant de grandeur à la façade de la Grande Mosquée de Tunis et qui donne sur le Souk Al-Fakka, est l’oeuvre de l’Andalou Ibn Ghalib comme en fait foi l’inscription de fondation. A ce même Ibn Ghalib Al-Andalousi est attribué le beau mausolée funéraire de la mosquée Youssef Dey.

·       Peut-on comprendre que l’apport andalou intéresse exclusivement le Nord de la Tunisie et particulièrement Tunis?

·       Pas du tout. Il intéresse aussi bien le Sud que le Sahel tunisiens. Dans le Jérid, il y a des résidus monumentaux d’origine andalouse. Mai nous ne savant pas comment s’est venu. Certes on peut avancer certaines hypothèses. Les Banou Ghania qui étaient à la tête d’une armée composée d’Andalous ont séjourné de façon intermittente au XIIème siècle dans le sud tuniso-algérien. Cinquante ans au plus. Aussi les traces de l’apport andalou apparaissent-elles à Tozeur, dans une localité avoisinante, Bled El Hdhar. Le Mihrab de la mosquée de Banou Rachid est andalou. A Tozeur même, il y a des façades avec décor de briques que l’on trouve à Saragosse,. On les retrouve à une époque plus ancienne, à Tolède dans la petite église “Santa Cruz de la Luz” et dans la Mosquée de Kairouan. Pour s’en convaincre, Yahia Ibn Omar est mort et enterré à Sousse. Ibn Farhoun a construit une mosquée au temps des derniers émirs aghlabides. Cette mosquée est remarquable pour son décor en façade qui porte une date et le nom d’Ibn Farhoun. Par ailleurs, il ne faut pas oublier que le Sud était une route de pèlerinage entre l’Espagne, le Maghreb et La Mecque. Les pèlerins de passage n’étaient pas exempts d’arrêts prolongés. Par conséquent, des possibilités d’échanges sont très plausibles entre les Andalous et les gens du pays. Cet arret pouvait devenir une installation à demeure comportant en outre la propagation du mode de vie andalou. Voilà ce qui explique à peu près ces installations d’origine morisque loin des principales agglomérations de la Tunisie. Il faut dire aussi que les recherches n’ont pas encore atteint le Sud tunisien. Pourtant à El Hamma de Gabès, il y a un henchir portant le nom de Sancho.

·       Pouvez-vous présenter  aux lecteurs en quoi consiste le métier d’archéologue?

·        En vérité, le métier d’archéologue comporte plusieurs volets. Le premier volet est la conservation des monuments déjà connus. Le deuxième, il s’agit de prospecter et d’entreprendre des fouilles pour découvrir d’autres monuments. Cela suppose une expérience assise des monuments. Le troisième volet, c’est la restauration des monuments. On a tendance à considérer que la restauration consiste à remettre à neuf les monuments. C’est de la mystification. Restaurer, c’est conserver même dans un état plus au moins bon les décors, les matériaux anciens, les formes anciennes. On ne peut substituer du neuf que contraint et forcé. Le quatrième volet est la surveillance permanente de l’état de monuments pour empêcher leur dégradation. Elle suppose un gardiennage, des textes législatifs de protection du patrimoine et une collaboration avec toutes les autorités du pays en vue de réaliser cette protection. Enfin, et c’est le cinquième volet, l’information à tous les niveaux (publications scientifiques, publications pour l’information tout un chacun). Ajoutons à cela, les conférences, les colloques, les congrès et séminaires.

·       Comment êtes-vous venu à l’archéologie ?

 

·       C’est une prise de conscience qui m’est venu pendant la Deuxième Guerre Mondiale et tout de suite après. Nous avons un patrimoine arabe de tout premier plan destiné à s’effilocher, à se perdre, sans qu’aucun ne vienne le sauver. Il y aussi mon entrée à la Bibliothèque Nationale en 1942. Là aussi j’ai pris connaissance des domaines où notre civilisation et nos grands hommes tranchaient – et de loin- avec tout ce qu’on  avait appris dans les écoles du protectorat. Une personnalité en particulier souleva mon enthousiasme, celle d’Al Mansour, le Chambellan de Abderrahmane En-Naceur à Cordoue. Al Mansour chantait jusqu’au délire. Mes lectures suivantes avaient opéré en moi une sorte de flamme que je cherchais vainement à extérioriser. Les causeries à la radio  d’alors, les textes publiés  dans Athourayya, “El-Mabahith” et autres journaux de l’époque loin de freiner, calmer cette flamme ne faisaient que l’irriter. C’est à ce moment là que j’ai connu mes maîtres Hassen Hosni Abdelwahab, G.Marçais, Henri Terrasse et Othmane El Kaak. Au contact de ces grands érudits, ma soif de savoir se trouvait à peu près comblée et mon action future s’est trouvée même précisée. Quelques temps après, on mettait au concours un poste d’inspecteur de monuments historiques. Je laisse de côté toutes les tractations et manigances autour de ce poste unique au candidat unique. Finalement, je l’obtins. Et malgré cela, depuis 1948, je suis inspecteur des monuments historiques, et rien de plus. Et ni trente quatre ans d’ancienneté, ni mes travaux ultérieurs qui ont été couronnés, ni mon élection comme membre correspondant à l’Académie Royale d ‘Histoire de Madrid, et ni..., ni... n’ont changé ma position qui demeure la même depuis 1948.

·       Vous avez cité quelques orientalistes. Comment jugez-vous leur apport ?

·       Les orientalistes ont fait une oeuvre enrichissante. Sans eux, nous ne serions  pas entrés dans ce domaine. Ils nous appris une méthode de travail qui repose sur l’exactitude, sur un souci du vrai poussé parfois jusqu’à la manie. En somme, ils étaient nos bons maîtres.

 

M.L.Chaïbi


 
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