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-Articles de presse-
Quarante jours sont déjà passés sur sa mort, et on n’arrive pas encore à réaliser l’ampleur de la perte qui a muni l’archéologie tunisienne. Trente-quatre ans de travail, de recherches, de production scientifique abondante se sont éteints le 14 mai 2003. Je ne sais pas si je suis la bonne personne pour parler de ce pionnier de l’archéologie et du doyen des archéologues tunisiens, mais je vais essayer de ma position de petite-fille fière de son grand-père, et de jeune journaliste qui a l’honneur de parler de S.M.Zbiss. Né le 1er mai 1913 au village andalous de Testour dans une famille d’origine andalouse ZBISS (Llopis). Son père était un Cheikh de « Malouf », ce qui a très influencé sa personnalité et prévoyait sa future orientation. Après avoir fait ses études primaires à Béja, il est passé à Tunis pour poursuivre ses études au collège Sadiki. Une fois qu’il a eu son certificat d’études 1934, il débutait des études supérieures en langues et civilisations arabes et musulmanes à l’Institut des Etudes Supérieures de Tunis jusqu’à 1943. Il se consacre d’abord à l’enseignement de 1943 à 1947. Parallèlement, il fait son entrée à la Bibliothèque Nationale en tant que responsable de la section arabe de la bibliothèque en 1943, puis directeur des monuments islamiques et des Antiquités avant d’être premier inspecteur tunisien des monuments islamiques en 1947. Le chemin n’était pas facile pour S.M.Zbiss d’autant plus qu’il travaillait dans un contexte d’occupation française et avec des gens qui faisaient tout pour l’empêcher d’avancer, et là nous revient toujours l’histoire du concours des inspecteurs des monuments islamiques auquel il était le seul participant et auquel on lui refusait l’accès trois années consécutives pour le fait qu’il soit Tunisien. Mais ce qui était impressionnant chez cet homme, c’était sa patience, sa persévérance et son amour pour la recherche et le patrimoine arabo-musulman, ce qui lui a valu l’estime et le respect de tous les gens avec qui il a travaillé. Avec l’indépendance de la Tunisie, il devint le directeur de l’Institut National d’Archéologie et d’Art et inaugura une époque de recherche continue, de restauration de presque tous les monuments islamiques tunisiens et de production scientifique abondante et importante. "Il se fit l’homme de renouveau, constamment prêt à partir pour reconnaître, situer, définir, dégager, fouiller, décrire, cataloguer, inventorier et archiver par le verbe et par l’image" (M.M’hamed Hassine Fantar. Directeur de Recherche à l'INP). Fier de ses origines andalouses, il a créé en 1972 le Centre des Etudes Hispano-Andalouses. Il collabora avec M.M Abdelhakim Gafsi, Bouganmi, Mikel di Epalza à la publication de deux ouvrages importants : "La Bibliographie hispano-tunisienne" (1956-1973) et "Le Second recueil des El Moriscos andalous". Son apport au domaine de l’archéologie est d’une grande ampleur qu’il est presque difficile de cerner tous ses travaux : Des fouilles à Tunis, Monastir, Kairoun, Gorjani, Sousse, Mehdia, Sabra Mansouriya…ont contribué à la découverte de plus de 2000 inscriptions arabes, qui ont été exposées aux musés de Monastir, Kairoun, de Bardo et de Zawiat Sidi Bou- Khrissan. Il a assisté à la restauration de plusieurs monuments tels que les mosquées de Zitouna, de Kasba, du Saheb Ettabaa, de Hamouda Bacha, la mosquée de Okba à Kairoun, la mosquée de Sousse, la mosquée de Testour, ainsi que les Ribats tels que le Ribat de Monastir, de Sousse, de Mehdia… Malgré ses responsabilités administratives, S.M.Zbiss ne manquait pas de participer aux congrès nationaux et internationaux sur l’archéologie et d’y donner sa contribution. Ainsi il a participé à 40 congrès de 1952 à 1990. Sur le plan national, il a assisté au Séminaire de l’Avenir de la ville arabe, à Tunis en 1970, le deuxième séminaire d’Ibn Mandhour à Gafsa en 1974, le premier congrès d’Ibn Abou Dhiaf à Siliana en 1978… Sur le plan international, il a participé aux :
Concernant ses publications, il a publié plus de 150 livres et articles scientifiques, journalistiques et traduits, dans des revues tunisiennes et étrangères, telles que AL Thouraya, El Fikr, Al Hedeya, Al Mebeheth, ainsi que Feuilles (Madrid), Arts Islamica (Etats-Unis), La Libera (Italie), Levante (Rome), … Parmi ses ouvrages, on cite :
Sa renommée fut internationale, il a été nommé secrétaire générale de l’association Guillaume Budé, à Tunis, membre fondateur de l’ICOMOS à Venise, membre correspondant de l’Académie Royale d’Espagne (1960), membre correspondant de l’Institut d’Archéologie de Rome (1965), membre correspondant de l’Institut d’Archéologie Allemand de Berlin (1965), secrétaire générale de l’Institut de Musique Arabe "La Rachidia" (1968), président de l’Association Tunisienne D’histoire (1968-1972), secrétaire générale de l’Association de Sauvegarde de la Médina de Tunis (1967-1972), président de l’Association de l’Union des Ecrivains Tunisiens (1972-1973). Sa longue expérience et sa contribution éminente à la sauvegarde du patrimoine tunisien furent couronnées à plusieurs reprises : par le haut rang et la distinction qui lui ont été offerts par Son Excellence le Président Zine El Abidine Ben Ali en lui attribuant le Grand prix national en archéologie et patrimoine (1987) et commandeur de l’ordre du mérite culturel en 1992, sans oublier qu’il a été chevalier de la légion d’honneur de la République Française en 1984. Tel était le parcours de ce grand homme qui a été un symbole de générosité, d’amour pour le patrimoine et le pays, et de sacrifice pour servir la science dans une époque difficile. "A la différence de ce dont disposent, de nos jours, nos chercheurs et savants pour leur travail, tant pour les moyens disponibles que pour l’environnement propice, l’homme a travaillé, pour la majeure partie de sa carrière, sous l’entreprise coloniale. Ce qui ne l’a cependant pas dissuadé à briller en tant que pionnier de la recherche historique et archéologique Tunisienne". (Abdelbaki Hermassi, Ministre de la Culture). Pour lui rendre hommage et faire connaître la richesse de son expérience et de son œuvre, une étude approfondie sera préparée l’année prochaine par MM Gafsi Slama et Mikel di Epalza sur ses ouvrages, sa vision sur les monuments islamiques et sa contribution aux recherches concernant les Andalous en Tunisie et ailleurs.
Slimane Mustafa Zbiss est aujourd’hui loin de nous par son corps, mais son âme veille sur nous pour nous rappeler à chaque moment qu’un être sans histoire ne vaut rien et que préserver son patrimoine c’est préserver son identité et en être fier. Hanène Zbiss [Le Temps – 3 juillet 2003] |
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